Le lendemain du 125e anniversaire du Celtic, la troupe de Neil Lennon a ravivé l’âme du peuple vert et blanc. En battant Barcelone 2-1, les Hoops n’ont pas simplement réalisé un exploit. Ils ont surtout montré à quel point le football est un formidable vecteur d’émotions.
Pendant que Heart of Midlothian implore ses fans de l’aider financièrement pour ne pas mourir, les supporters des Bhoys ont montré à la terre entière que le terme de « douzième homme » n’est pas un cliché. Même les Catalans, Tito Vilanova et Gerard Pique en tête, ont magnifié Celtic Park et son assourdissante ambiance. Marca a même publié un article sur le public du Paradise, avec une introduction résumant ce mercredi soir : «Il n’y a peut-être pas de plus gros avantage pour un match à domicile qu’une rencontre à Celtic Park en matière de football. »
Façonné avec la personnalité de Lennon
Avant le match, l’arène s’était parée de son plus bel habit (voir photo). Un hommage au 125e anniversaire des Hoops, ce club historique et auréolé d’une étoile européenne, lors de l’épopée des Lisbon Lions de 1967. Ce groupe de weegies (ndlr, natifs de Glasgow, même si pour être précis, cette équipe du Celtic était composée de joueurs nés dans un rayon de moins de 50 kilomètres autour de Glasgow) qui arboraient fighting spirit et furia offensive ont façonné l’image glamour du Celtic. Hélas, l’histoire récente embourbait le mythe, malgré les chants de ses supporters, reconnus à travers l’Europe pour leur appétit immodéré de la vie et de la fête.
Cette saison, Neil Lennon a façonné le groupe avec sa personnalité, passionnée, battante et altruiste, et des choix très personnels. C’est lui qui avait fait le forcing auprès de ses dirigeants et de Fraser Forster pour transformer son prêt en transfert définitif cet été. Que dire de sa persévérance avec Adam Matthews ou Charlie Mulgrew ? Après des débuts hésitants sous le maillot des Bhoys, les deux hommes sont désormais indiscutables. Le premier, habituel latéral droit, a été étincelant à gauche dans ses interventions défensives (Messi a rarement eu autant de mal à se mettre en position de frappe), tandis que le second a confirmé qu’il était un des meilleurs tireurs de corner ou de coup franc en Europe. Et un polyvalent hors-pair, débutant milieu gauche pour finir défenseur central !
Ils n’ont pas seulement parqué le bus devant la surface
Contrairement à ce que la possession de balle révèle (16 à 84%), le Celtic n’a pas simplement parqué le bus devant la surface. Oui, l’arrière-garde était très basse, mais à la récupération, le milieu accompagnait Miku et Samaras, plantés devant et coupant les premières passes et décalages. Commons, Mulgrew, Ledley, Wanyama et même les latéraux (Lustig davantage que Matthews) n’ont pas hésité à suivre les actions quand ils ont pu. Et n’oublions pas que Lennon a fait rentrer un attaquant, Tony Watt (18 ans), buteur décisif formé à Airdrie United (D2 écossaise). Un gamin qui a coûté £50’000 aux Bhoys et qui a rendu au centuple la confiance transmise par le staff.
Moralité, lorsqu’il transperça les filets suite au long dégagement de Forster, les cœurs de Celtic Park s’inondaient de bonheur. Pire encore, l’émotion au coup de sifflet final, avec les larmes de Lennon qui serra tous ses joueurs comme ses enfants, donnait à cette rencontre des allures célestes. Pourtant, il n’y a rien de plus que de l’émotion, des sentiments et un incroyable dévouement collectif. En somme, l’essence du football. Et de tout ce qu’il peut recéler de merveilleux.